La voie du yoga offre bien des chemins différents pour accéder à la réalisation de soi. Lorsque j’ai commencé à pratiquer dans un studio Genevois, j’étais bien loin de me douter de la profondeur de cette philosophie de vie. En réalité il m’a fallu un premier voyage en Inde en 2016 pour découvrir une partie infime de la philosophie qui se cache derrière les mouvements et les respirations que nous connaissons bien en occident. En réalité, l’éthique et les valeurs morales sont le fondement de la pratique du yoga.

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir le premier membre du Yoga Ashtanga décrit dans les Yoga Sutras de Patanjali. Dans cette série de livres datant d’environ – 425 ans av.J.-C. on y trouve la description de huit « membres ». Ces derniers sont des conseils à suivre afin de mener une vie plus heureuse, en alignement avec nous-même et ceux qui nous entourent.

Attention, une fois qu’on se lance sur le chemin vertueux du yoga il est difficile de revenir en arrière. D’un point de vue personnel, je dirais que le yoga m’aide quotidiennement à rester la meilleure version de moi-même.

C’est parti ! Voici les huit membres du yoga Ashtanga :

  • Yama
  • Niyama
  • Asana
  • Pranayama
  • Pratyahara
  • Dharana
  • Dhyana
  • Samadhi

Les deux premiers membres du Yoga Ashtanga sont des suggestions liées à notre façon de nous comporter avec les autres et nous-même. Ce sont deux importants membres à mettre en pratique idéalement avant même la pratique du troisième membre, Asana. La pratique des postures de yoga est le membre le plus connu et le plus pratiqué en occident. Asanas signifie « assise » et est un ensemble de postures physiques qui permettent de maintenir le corps en bonne santé. Bien qu’historiquement le yoga soit une pratique très spirituelle, le maintien du corps physique est essentiel. Dans le yoga, corps et esprit sont intimement liés et l’un ne peut fonctionner correctement sans l’autres. Pranayama, le quatrième membre, est le pont qui lie le monde physique (les trois premiers membres) avec le monde spirituel. En effet, les techniques de respiration, Pranayama, nous mènent naturellement au processus de méditation. Les quatre derniers membres sont entièrement liés au monde spirituel. Dans cet article, je vous invite à avoir un aperçu de ce qu’est le premier membre et ce qu’il nous apporte dans nos vies quotidiennes.

YAMA

Le premier membre du yoga Ashtanga, est un ensemble d’attitudes à adopter au quotidien. Il existe en tout cinq Yamas ou suggestions pour vivre en harmonie avec les autres.

Ahimsa

La non-violence, est un concept propre à la sensibilité de chacun. Elle encourage à respecter tout être vivant sur cette terre et à éviter de faire directement ou indirectement du mal autour de soi et/ou à soi-même. La non-violence est une manière de vivre en harmonie avec la vie qui nous entoure. C’est aussi un moyen de prendre conscience de nos responsabilités de nos actes et notre manière de vivre.

Bien entendu, le degré de sensibilité est différent d’un individu à l’autre. Par exemple, un chasseur peut pratiquer Ahimsa en tuant ses proies « humainement », sans faire souffrir l’animal. Alors que d’autres refusent de manger de la viande par conviction. Les végane refusent même d’acheter ou consommer les produits dérivés de l’exploitation animale. Il existe même dans certaines cultures des hommes qui évitent de tuer des insectes ou d’arracher les feuilles des arbres.

Ahimsa peut aussi être pratiquée lorsque nous nous adressons à une personne tierce. En effet, ce Yama ne concerne pas uniquement la non-violence physique mais elle inclut tout autant la bienveillance verbale.

Il est également possible de pratiquer la non-violence envers nous-même. Vous est-il déjà arrivé de vous traiter d’idiot ou de vous insulter à la suite d’une erreur que vous auriez commise ? Et si à la place vous commenciez à prendre conscience de ces moments et à la place, vous considérer avec indulgence ? Ce sont de petits gestes, de petits changements positifs au quotidien qui font les plus belles transformations dans nos vies et celles de ceux qui nous entourent.

Satya

La vérité, est le deuxième des Yamas. Elle nous encourage à être authentique envers les autres mais également avec nous-même. Est-ce qu’au quotidien vous dites ce que vous pensez et vous faites ce que vous dites ? C’est le principe même de Satya.

En étant en accord avec notre être profond et nos convictions nous sommes plus libre et plus heureux dans nos vies. Toutefois cela demande énormément de courage de pourvoir s’affirmer pleinement et assumer ses propres convictions ou pensées. Combien de fois vous est-il arrivé de mentir par facilité ou par peur de blesser un proche ? C’est bien là le nœud du dilemme, est-ce que nos mensonges sont réellement une façon de préserver les autres ou sont-ils inventés par peur d’être jugés ?

A ce sujet, je vous conseille vivement le livre « Les Quatre Accords Toltéques » de Don Miguel Ruiz. Ce livre parle de quatre principes Aztèques qui mènent à l’illumination et la liberté. Bien que ce livre parle d’une autre culture que celle du yoga. On y trouve les mêmes principes que dans la culture Védique (Indienne) qui a créé le yoga.

Asteya

Ne pas voler, est le troisième Yama. Il nous incite à prendre nos responsabilités, à créer, trouver ou gagner ce qui nous permet de vivre. Il nous encourage également à apprécier pleinement ce que nous possédons déjà.

Ce Yama nous encourage à avoir confiance en nos propres capacités à pourvoir subvenir à nos besoins. De plus, n’est-il pas plus gratifiant de mériter ce que nous avons acquis ?

Brahmacharya

La modération signifie également « vie chaste ». Comme son nom l’indique, la chasteté peut être également apparentée à notre sexualité. Toutefois, ce Yama englobe plus largement le concept d’une vie sans excès.

Une personne qui pratique la Brahmacharya en occident s’apparente plus à un minimaliste qu’à un moine bouddhiste qui pratique la chasteté. En effet, le quatrième Yama encourage à manger, boire, consommer uniquement ce dont nous avons réellement besoin.

C’est un concept de vie qui revient petit à petit « à la mode » alors même que depuis les années 60, la culture occidentale est poussée à la surconsommation permanente. Il devient même difficile de nous rendre compte à quel point nous accumulons des biens que nous n’utilisons même pas ! Si vous avez déjà déménagé ou fait un gros nettoyage de printemps chez-vous, je suis certaine que vous comprenez ce dont je veux parler ici.

Comment mettre en pratique la Brahmacharya dans nos vies au quotidien ? Un yogi moderne mange à sa faim ou s’arrête de manger même avant l’état de satiété. Il boit suffisamment d’eau et favorise les boissons non-alcoolisées et même s’il se fait plaisir de temps en temps, il le fait sans excès car cela entrave sa pratique des asanas. Le yogi moderne fait régulièrement du rangement dans sa maison qui reste propre. Il donne ou jette ce dont il n’a plus l’utilité. La sexualité est un moyen de se connecter avec une personne avec qui il partage des sentiments sincères.

Un yogi traditionnel Indien pratique la Brahmacharya en vivant dans la rue ou dans une caverne, il est habillé d’un simple drap lui servent de culotte ou il est complétement nu. Il mange et bois ce qu’il trouve dans la nature. Il pratique la chasteté et vit littéralement d’amour et d’eau fraiche.

Tout comme Ahimsa, la pratique de la Brahmacharya est à appliquer selon notre propre degré de bonne conscience. Je vous recommande chaudement les livres « Minimalism : Live a Meaningful Life » et « La Magie du Rangement » par Marie Kondo. Pour moi, ces livres illustrent parfaitement la pratique de la modération ou du yoga moderne.

Aparigraha

Le non-attachement, est peut-être le plus complexe et le plus difficile des Yamas à mettre en pratique. En effet, où se situe la limite entre amour et un attachement malsain envers les objets ou les autres ?

Dans la philosophie du yoga on distingue bien « amour » de « l’attachement ». L’amour est source de bonheur et de bienveillance alors que l’attachement est source de malheur et jalousie.

Attention, ce Yama a été utilisé par certains Gurus (comme Osho) dans les années 60-80, pour promouvoir l’amour libre. Cependant, Aparigraha est avant tout une manière de lâcher prise, d’accepter qu’au fond rien ni personne ne nous appartient réellement. Comme a dit Orson Welles, « On naît seul, on vit seul, on meurt seul. C’est seulement à travers l’amour et l’amitié que l’on peut créer l’illusion momentanée que nous ne sommes pas seuls ».

Dans nos vies quotidiennes, la pratique d’Aparigraha peut nous aider à tourner la page après une rupture par exemple. Comment ? En observant si la douleur que nous ressentons est liée à l’attachement ou l’absence d’amour dans la relation. Aparigraha nous encourage à accepter le changement qui est constant dans nos vies et à se libérer de la douleur pour faire place au renouveau.

Un bon exercice pour pratiquer le non-attachement chez-soi est de choisir un objet auquel nous sommes sentimentalement attachés. Un objet qui ne nous sert à rien de particulier et pourtant nous le gardons comme souvenir par attachement émotionnel. Puis, donnez, jetez ou détruisez l’objet en question. Vous trouvez que c’est trop dur ? Et bien, je peux vous garantir que le plus difficile est d’avoir le courage de détruire l’objet de notre attachement. Mais au fond, notre vie reste exactement la même. En réalité, elle devient même plus légère. Il n’y a rien de plus libérateur que de se défaire des chaines de l’attachement.

Je vous mets au défi d’essayer.

Namasté,

Krystel